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Médiatiser la science en bibliothèque

Compte rendu

mercredi 30 mars 2016, par Florian Reynaud

Compte rendu : Médiatiser la science en bibliothèque, sous la dir. de Justine Ancelin. Villeurbanne : Presses de l’Enssib (La boîte à outils, n°35), 2016, 184 p.

Justine Ancelin, responsable des services aux chercheurs au SCD de Paris Ouest Nanterre La Défense, dirige un ouvrage consacré à la médiatisation de la science en bibliothèque, avec seize contributions qui concernent aussi bien les bibliothèques municipales et médiathèques que les bibliothèques universitaires. Ce travail revêt un intérêt certain pour la pratique professionnelle des professeurs documentalistes, et c’est ce point de vue qui guide ce compte rendu.

Olivier Las Vergnas, professeur des universités à Lille 1, revient d’abord sur le sens différent que l’on donne au terme « science », avec une réduction dans l’enseignement secondaire aux mathématiques, physique et SVT, éventuellement à la technologie, les SHS considérées comme « sciences » au niveau universitaire seulement. Le CDI et la bibliothèque participent de cette construction sociale, difficile à dépasser. L’auteur estime que la transformation des lieux permet ce dépassement, dans la réflexion pour une autre médiation : le dispositif de valorisation, de travail et d’échange doit remplacer la simple mise à disposition. Cela passerait par exemple dans le secondaire par la promotion du travail d’investigation de l’élève, afin de prendre de la distance d’une abstraction qui éloigne certains de la science. A la médiation s’ajoute un effort de complémentarité vis-à-vis des enseignements disciplinaires, qui relèvera pour les adultes d’un élan vers les apprentissages en autonomie. L’auteur pose pour le public adulte l’intérêt des plates-formes collaboratives en ligne, de type Tela Botanica, et des Fab Labs. On a recours aux premières dans le secondaire, encore peu aux seconds : ils ne relèvent pas forcément de notre responsabilité, s’agissant plutôt de possibles pour mettre en valeur certaines ressources documentaires en vue d’activités pratiques.

Aurore Soares, consultante culturelle, muséographe, médiatrice scientifique, complète le propos en présentant les offres de formations initiales et continues, pour les professionnels des bibliothèques, pour favoriser la culture scientifique, technique et industrielle (CSTI) : mise en place et mise en valeur d’expositions, médiation, partenariats avec des associations (telles Les Petits Débrouillards), animation de débats. L’autoformation est ici présentée, en plus, sous la forme de la curation, avec des outils d’agrégation, mais aussi avec l’utilisation de Twitter et la sélection de comptes à suivre dans ce domaine qui peuvent être aussi utiles pour le secondaire.

Dans la 2e partie, il s’agit de questionner les différences entre bibliothèques et problématiques communes. David-Jonathan Benrubi, directeur de la médiathèque d’agglomération de Cambrai, revient sur la difficulté à créer des liens entre science et médiathèques. Pour les choix d’acquisitions, il renvoie à des acteurs tels le SNE ou la BSI. Pour l’événementiel, avec une rareté d’ateliers scientifiques, l’auteur suppose qu’il est nécessaire qu’un membre de l’équipe s’intéresse à ces thématiques. Pour les professeurs documentalistes, en digression donc de l’ouvrage, on peut considérer que la question est abordée dans les formations au concours, en lien avec la connaissance des programmes disciplinaires en sciences, mais que la pratique est plus favorable aux arts et lettres. L’enquête 2015 de l’A.P.D.E.N. montre par exemple que près de 65 % des collègues organisent des rencontres avec des auteurs, quand près de 15 % organisent des rencontres avec des scientifiques [1].

Claire Sonnefraud, de la Bibliothèque universitaire Pierre et Marie Curie de Paris (BUPMC), s’intéresse à la médiation et à la formation en BU de Sciences. Pour la médiation, quelques conseils et outils sont proposés pour la constitution et la valorisation des collections, l’utilisation des espaces, la rencontre du public. Au sujet des espaces, c’est la diversité des types d’espace qui est portée. Comparé au CDI, bien sûr l’échelle n’est pas la même, mais on retrouve le souci de chauffeuses, d’espaces de travail autonome, d’espace de travail en groupe, d’espace de formation en classe, espace qui manque, nouvelle digression, dans beaucoup de CDI [2], malgré les recommandations de la section School Libraries de l’IFLA [3]. La formation est développée pour tous les niveaux d’étude à la BUPMC, axée autour de la méthodologie en licence, autour de la maîtrise de l’information scientifique en Master, en outre des réponses ponctuelles au besoin et des collaborations fréquentes avec les enseignants. Ces formations s’inscrivent dans un référentiel de compétences « Maîtrise de l’information scientifique et technique ».

Une 3e partie s’attache à un support, le livre, entre acquisition, valorisation et conservation. Sous la forme d’un entretien, les éditions Belin et Le Pommier sont amenées à présenter leur ligne éditoriale en sciences, au niveau de l’université puis de la vulgarisation scientifique. Pour l’université la question se pose d’une concurrence difficile avec les périodiques, d’autant plus qu’ils sont en ligne et que rares sont les ouvrages en ligne qui proposent en outre des contenus enrichis (ce qui ne concerne que les manuels scolaires). En matière de vulgarisation, Le Pommier présente, au titre des Sciences pour tous, son action dans le secondaire menée dans les académies de Bordeaux et de Rouen, avec un prix devenu national en 2015.

Marie Girod considère les moyens de valoriser le livre scientifique en bibliothèque, avec l’exemple de la médiathèque de Ballancourt-sur-Essonne et de l’association A Fond la Science, qu’elle préside, avec une action locale, mais aussi une aide nationale à la constitution de fonds dans cette thématique, pour tous les publics. Cela s’accompagne d’activités, avec des exemples proposés autour de thèmes précis comme l’expérience, le tangram… Alice Lemaire aborde la question du point de vue patrimonial, avec l’exemple du MNHN et la valorisation du fonds, sur place et en ligne, avec par ailleurs des parcours éducatifs proposés pour les trois académies franciliennes.

La 4e partie regroupe enfin sept contributions pour « faire de la science autrement en bibliothèque ». Thomas Schumpp, auteur du blog Vulgaris, traite de la médiation « face-public », action supposant la présence physique et la médiation, avec un ensemble de conseils associés en somme à un principe de formalisation pédagogique. Florence Dugrillon prend l’exemple d’une coordination de la Fête de la Science, née en 1991, dans un réseau de médiathèque départementale, autour de la BDP du Loiret qu’elle dirige. Après avoir présenté les principes-clés de cette coordination, elle insiste, tout comme Thomas Schummp, sur la nécessaire évaluation des actions, pour les améliorer et/ou en tenir compte pour d’autres projets. C’est de ce même événement dont discutent Florence Gaume et Livia Rapatel, mais en BU, depuis la SCD de Lyon 1, faculté des sciences. Le projet intègre les scolaires, de la maternelle au lycée, autour d’ateliers interactifs animés avec des chercheurs et doctorants. Une chaîne YouTube permet de pérenniser l’accès à ces contenus et aux autres manifestations telles les conférences. Pour la même université les deux auteurs présentent ensuite le festival Science et Manga. Justice Ancelin aborde à la suite la question d’un mélange entre thématiques, à partir des arts et lettres pour aller vers les sciences. Le cinéma et le roman de science-fiction sont le prétexte de plusieurs événements pour créer des passerelles. Marie Peterlongo présente enfin Unisciel, l’Université des Sciences en ligne, créée en 2007, dans laquelle elle est documentaliste et chef de projets, avec des ressources, cours et exercices pour les étudiants et enseignants, avec plusieurs projets : la série Kézako, le MOOC Quidquam, la traduction française de vidéos en langue anglaise, etc.

Justine Ancelin donne quelques informations et conseils sur les partenariats et les financements avant de conclure l’ouvrage par un mémento qui finit de nous convaincre de développer une médiation scientifique plus importante également dans les CDI.

Documents joints

Notes

[1APDEN. Le professeur documentaliste, le CDI et l’ouverture culturelle. Enquête réalisée par [l’APDEN] en 2015 : 4.3. L’ouverture culturelle des élèves : quelles formes ? In APDEN [en ligne], 2015. Disponible sur : http://www.apden.org/2015_11_23_synthese_enquete_culture/co/EG_contenu_34.html

[2APDEN. Le professeur documentaliste, le CDI et l’ouverture culturelle. Enquête réalisée par [l’APDEN] en 2015 : 2.1. Les CDI : des structures très variables. In APDEN [en ligne], 2015. Disponible sur : http://www.apden.org/2015_11_23_synthese_enquete_culture/co/EG_contenu_22.html

[3IFLA School Library Guidelines. In IFLA [en ligne],‎ juin 2015. Disponible sur : http://www.ifla.org/files/assets/school-libraries-resource-centers/publications/ifla-school-library-guidelines.pdf

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